Paris aujourd'hui, nos illusions tempérées
Quand je pense à Paris, je dis « ma ville »
Et je sens le sol gronder dans mon sommeil
Ligne 13, Guy Moquet parfois
A la Périphérie de ce qui fut mon paradis
Autrefois oui,
Quand j’étais encore là et pas seulement de mémoire
Argentine et les cracheurs de feu
Le pendu de la rue des Acacias
En surimpression d’une saison hivernale
Paris aujourd’hui,
Avec nos illusions tempérées et démocratiques
« Ma ville » que j’habite en transparente, entre deux mots,
Des lits, des canapés, des envies, des dénis
J’en oublie le métro qui s’enfonce dans la sueur des banlieues
Argentine et Maillot entre deux contre allées
Je ne fais que passer
L’espoir aussi finit par lasser
D’un monde meilleur j’aurais aimé
J’aurais voulu savoir, expliquer, dire mais trop tard
Même de révolution me passe l’envie
Me reste la lèvre gercée des sables à marée basse
Le brouet des jours amers et sa trace
Dans son geste à lui que j’aurais aimé garder
Et maintenant le chemin s’écrit sans écho
Mais quelle importance
Au meilleur de l’été, il m’a toujours manqué
Ce soir, loin de « Paris-ma ville »
J’ai croisé mes compagnes d’herbages en route pour nulle part
Elles beuglaient d’amertume à l’adresse d’un ciel innocent et bleu
Même les poètes sont carnassiers et réduisent leur cœur à la merci des mots