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Sybille de Bollardière

poesie

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"Les gens de la côte" de Monzer Masri

22 Février 2013, 16:40pm

Publié par Sybille de Bollardiere

 

 

Au café le matin, au café le soir

 

Le matin

entre dix et une heure

tu seras,

pour qui veut te voir,

à ta place habituelle

au café du trottoir est

suivant du regard

les morts

qui passent

Et le soir

entre cinq et neuf heures

tu seras,

pour qui veut te voir,

air détaché,

écrasé

à ta place habituelle

au café du trottoir ouest

mire du regard

des vivants

qui passent.

 

 

Navire égaré, rivage abandonné

 

Étais-tu navire égaré

et moi rivage abandonné?

Étais-je navire égaré

et toi rivage abandonné?

Ou étions-nous tous deux

navires égarés

qui se croisèrent au large

d’une mer sans rivage?

Aujourd’hui,

vagues giflant mon visage

et le giflant encore,

jamais plus

– je le sais –

rencontre n’adviendra

car nous sommes seulement

nous sommes depuis toujours

deux rivages

abandonnés.

 

Monzer Masri

poète et peintre syrien né en 1949 à Lattaquié

 Poèmes Traduits de l’arabe par Claude Krul, extraits du numéro de février 2013 de L'Orient littéraire

 « Les gens de la côte » est  paru en français aux éditions Alidadès en 2005.

 

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Lumière

18 Février 2013, 17:42pm

Publié par Sybille de Bollardiere

Le-Perche-8640.jpg

Le-Perche-8627.jpg

Le-Perche-8637.jpg

C’est encore l’hiver là-haut sur les plateaux

où le sang jaune des sillons sèchent sous le vent des corbeaux

mais si peu ici,

dans les vallons où le temps s’enivre de bleu.

Alors pour oublier l’attente et le ciel froissé des pluies

je délaisse, papier, crayons, clavier et fiction

pour la lumière du lavoir et celle des chemins.

Une journée comme en repos de soi

avec des mots de tous les jours

de lisières, de bois, d’écorce ou de sable

des mots de rien, du quotidien, même pas d’amour

mais plus que ça et je le sais bien.


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"Nuit" de Gustave Roud "Parler de soi..."

29 Janvier 2013, 18:45pm

Publié par Sybille de Bollardiere

GustaveRoud-autoportrait-vers1940.jpg

Autoportrait Gustave Roud

« Parler de soi… Un nuage pourrait-il le faire, commencer un « je suis » à l’instant où, penché sur le brasier du soleil moribond, de mouvante vapeur il se mue en flamme, puis flotte en nappe de cendre sur la terre endormie ? Son être est à la merci d’un rayon, d’un frisson de la mer aérienne ; toutes ses métamorphoses, et même les plus secrètes, jusqu’à la subite glace en son sein, toute forme lui est donnée… En vérité s’il tente, lui, le seul léger parmi tout ce qui pèse, de dire non l’impossible « je suis », mais au moins un « j’étais » - ce lien entre ses successives apparences – oserait-on lui reprocher son orgueil ? Quand le monde entier maintient sans une seconde d’oubli entre vous et lui l’infranchissable, comment parler des autres ? Là serait l’orgueil, et le pire – tandis que les paroles sur soi-même à voix basse de l’homme oublié, tout de suite reprises par le silence, forment peut-être un acte de véritable humilité. »

Extrait de Nuit,

Gustave Roud

Bibliothèque des Arts

1978

Gustave Roud, poète et photographe

http://www.gustave-roud.ch/Accueil.html

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2006/02/gustave_roud.html


Gustave-Roud-vers1940.jpg      Gustave-Roud-Hiver-dateNC

Photos Gustave Roud

Alors maintenant, que je vous ai offert ce poème et donné, je l’espère, l’envie de découvrir Gustave Roud, ce grand parmi les grands, "rentrer en soi" sera le mot d’ordre, la destination, un vœu d’écriture en somme et bonne semaine.

S de B


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A pierre fendre

23 Janvier 2013, 11:14am

Publié par Sybille de Bollardiere

Et la neige dans la vallée... 3435

Photo Sde B  2012 

 

Il gèle à pierre fendre

Je n’ai jamais autant aimé l’hiver

il me faudrait l’éternité ici

et tous ceux que j’ai aimé jadis,

 perdu, noyés dans les regrets

ou seulement disparus

 

Le temps d’aujourd’hui compte ses absents

ceux qui m’aimaient quand je n’étais qu’enfant

rêvant d’ici et d’ailleurs, avec eux plus tard, maintenant

Oui, l’éternité me l’offrirait

et je les imagine heureux un moment

un peu perdus souvent

et finalement déçus parce que je suis devenue

 

C’est ainsi, le temps se défait de nous

de nos vœux de plus tard, de maison, de feux, d’hiver

quand c’est maintenant et qu’ils ne sont plus là

dans ce bel aujourd’hui où seule, je pense aussi

à ceux qui grandissent et se passeront de mes rêves

et de l’hiver ici où je les aurais attendus

 

Mais bon, il neige

alors toi qui me lis, prends soin de toi, de l’hiver à ta porte

de ce feu que je devine et du temps qui nous reste

l’éternité n’est pas de bon augure

 

18 janvier 2013

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