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Auteure. Romans, récits, poèmes. Atelier d'écriture, photos.
chroniques
Antidote, poème
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« Lumière de l’amour ! Eclaires-tu aussi les morts ? » 1
Face aux absents, avoir le dernier mot
Pour donner ce que l’on n’a pas reçu
Ce dont on a été privé et qui n’a pas de nom
Errer et continuer à chercher
L’antidote face à l’impartageable pour un jour, un soir
Qui sait ?
Retrouver l’audace du poème, la grâce d’aimer
Comme on tricote les fils du souvenir
Dans le foisonnement d’un été incandescent
Renaître
Ou simplement durer, chaque jour que Dieu fait
Pour la beauté du geste, l’exigence des commencements
Mais la logistique des sentiments
Est déjà à pied d’œuvre
A défaut de « comme » et d’ailleurs
C’est ici, dans les zones blanches des terres inondables
Que je glane quelques signes, des mots
A retrancher du temps qui me reste
Extinction des feux, route de nuit,
Dans la procession des collines
Je navigue aux instruments
Ma prière de bitume
Il faudrait un autre mot pour solitude
Un mot dur, râpeux, taillé à la serpe
Ou au contraire abandonné, en friche
Car je croyais les avoir quittés
Mais avec les mois, les années, les saisons
Ce sont eux qui m’ont laissée
« Signes des temps meilleurs, brillez-vous dans ma nuit » 2
octobre 2022
1 et 2 - Holderlin, les élégies
Chrysanthèmes, poème
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Qu'importe novembre et le défilé des saisons
Je n'irai plus entre mère et mer
Partager avec elle
Au bord d'un lit, au bord de rien
Nos provisions de rancœur et de fidélité
Désormais, je n'ai plus aucune raison de retenir
Les mots, les idées, les anecdotes du quotidien
Notre mélange d'amertume et d'admiration
Pour maintenir
L'équivoque de notre étonnante relation
On se souviendra peut-être que nous avons été
Mère et fille, mais surtout femmes
Amantes, aimantes, passionnées, jalouses et possessives
Veillant maladroites, sur le trésor de nos Atrides
Qu’importe novembre et le défilé des saisons
Les chrysanthèmes, qu’elle aimait jaunes aux balcons
Nous n'écouterons plus ensemble les Wesendonck lieder
Brahms ou les mélodies de Fauré
Le silence aura raison de nous
23 0ctobre 2022
Périphérie, poème
Un ultime trois-mâts surgi du fond des brumes
Se pavane pour moi sur un rectangle vert
Et les oiseaux d'argent qu'on regarde à l'envers
Ont frémi sur la vague en des frissons de plumes
Jean Violette
Périphérie
S’en tenir à la périphérie des villes et des êtres
Fuir et se priver de ce qui aurait pu se dire ou se faire
Rester à distance
Graviteur d’infortune, choisir cet écart nécessaire
Comme un navire s’éloigne de la terre un soir de tempête
« Tirer des bords » tout en convoitant l’objet délaissé
Le cœur à atteindre, à renverser, dévaliser
S’astreindre à l’exil par ruse ou par sagesse
Pour cet indispensable changement de point de vue
De plus loin ou d’ailleurs la ville est différente
L’autre aussi
Aucun centre n’est le même quand on s’en éloigne
L’attraction s’épuise et, de chemins de traverse
En lisières au couchant
On se retrouve ici, poète au cœur de rien
Au chevet de tout
Il y a matière à réflexion.