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Sybille de Bollardière

chroniques

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Les jours d'août, la fête foraine... "jusqu'au cri froid de l'anémone"

12 Août 2013, 16:22pm

Publié par Sybille de Bollardiere

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Photo : Pierre-Elie Ferran site : http://www.pierrelie.com/

 

Lundi 12 août 2013

Une escale sur la page blanche avant que l’été ne bascule vers sa fin. Après la fête, la maison résonne du silence des lendemains. J’épie les voix d’hier, les rires et le brouhaha qui accompagnait la fanfare quand nous montions vers la colline sous les lampions des enfants. Après quelques dîners, la brocante et le feu d’artifice, le village range ses fanions et je trie mes photos en observant les nuages qui n’annoncent rien de mauvais. Roman oblige, c’est un bel été dont je garderai peu de traces écrites et toujours de trop banales photos - telles qu’on les prend quand on est heureux qu’il fasse beau - écrasées de lumière et de bleu.

Sous le vol des corbeaux dans le petit matin, ceux du voyage s’en vont en silence, défaisant en quelques heures, manèges, jeux, stands de tir, toutes ces distractions que même les enfants, séduits par d’autres écrans, délaissent peu à peu.

Presque 280.000 signes, j’avance dans l’écriture du roman comme un mineur dans son boyau souterrain, au burin parfois, et de toute manière, un peu à l’aveugle dans cette obscurité toute utérine dont j’explore les parois. Ce que l’on croit connaitre vous révèle des gouffres d’incertitude, et parfois des lacs insoupçonnés, des eaux tendres aux berges douces et verdoyantes pour se rappeler que l’amour est chez lui, même là où l’on ne l’espère plus.

La citation de Char, « Jusqu’au cri froid de l’anémone… » Extraite de Commune Présence - que je lisais quand je l’ai rencontré, lui, « l’amour ancien » – me plait comme titre. Ce ne sera pas Irène puisqu’il n’est pas seulement question d’elle. « L’amour ancien » que je retrouve a les pages jaunies. Je n’en finis pas de les tourner pour chercher ce que nous aurions laissé entre deux lignes, ce qui manque aux heures à écrire, aux heures dorées telles que nous aimerions les découvrir. Mais le gris perpétuel se marie à l’absence et martèle la solitude pour que rien de filtre de qui fut une passion et seulement cela, ce qui est peu.

Le soir, porte ouverte sur les étoiles, j’écoute les nocturnes à la recherche de la chanson qui les précède. Il y a presque toujours une voix d’enfant derrière un chef d’œuvre.

 

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Pages de mer... avec Guillaume de Monfreid

29 Juillet 2013, 08:47am

Publié par Sybille de Bollardiere

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Illustration de Vagues, le livre de Guillaume de Monfreid

Rentrée dans l’écrin vert des collines après quelques jours en Bretagne, la mer me poursuit. Une mer d’encre et de couleur, une mer d’aquarelliste, loin des embruns et près de la source. Je fais allusion au très beau livre de Guillaume de Monfreid, Vagues, la mer dans tous ses états.

Une mer intérieure dont l’artiste dit «Eloigné d’elle trop longtemps, j’ai le mal de mer » La mer du poète, du marcheur que l’on imagine sur le long des sentiers de la Hague, à Ecalgrain ou encore à Vauville, dans ces lieux magiques du Cotentin réservés aux oiseaux marins et aux poètes. Tout dire des vagues dans un geste teinté d’outremer ou de bleu cæruleum, raconter page après page, cartographier et peindre la mer, belle, agitée, ridée, forte sous les vents dominants - on pense à Hokusaï - c’est parfois un bel exploit surtout quand Guillaume de Monfreid évoque les nuits en mer, ces nuits où il n’y a rien à peindre, où seul un poète peut écrire « Sous les vagues la mer invente un cortège de lumière »

Vagues est un magnifique livre dont on regarde inlassablement les aquarelles en poursuivant le tête-à-tête de l’auteur avec la mer. Car c’est bien d’une aventure intérieure dont il est question dans ces pages, un voyage d’écume et de vent...

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Vagues, La mer dans tous ses états

Guillaume de Monfreid

Glénat

19 €


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journal d'été et visite chez Diderot

11 Juillet 2013, 21:32pm

Publié par Sybille de Bollardiere

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Mardi 9 juillet 2013 Dans le train

Les martinets hauts dans le ciel, plongeant dans le bleu immense et dans les rayons du soleil, l’éclat mouvant d’une toile d’araignée. C’est un matin ordinaire et j’écris sur mes genoux dans l’abri du quai de gare. Un abri de tôle perforée qui ne craint plus les casseurs mais ne protège ni du vent, ni de la pluie, ni du froid. Ca tombe bien, il fait beau et on n’a pas besoin d’abri aujourd’hui. Je le laisse vibrer entre ses boulons mal vissés, gémir à l’approche du train et je m’assieds au premier étage, dans l’unique place ou l’on ne peut avoir pour compagnon que sa valise. Ca tombe bien j’ai une valise.

Hier, en saluant mon amie Catherine qui partait pour la Suède, j’ai réalisé qu’un voyage, comme un roman est un choix, choix de ne pas tout dire comme de ne pas tout voir. En roulant vers Paris je prends conscience du poids de ce que je n’écrirai pas, de ce qui restera orphelin entre les pages, dans les notes du cahier. J’entends le gémissement effroyable de ce necessaire silence. je déteste ça.

L’été, l’absence, un départ et les promesses que l’on se fait à soi-même à la veille de ne jamais changer. Vivre dans le temps présent, penser chaque instant dans sa lumière, sans retour, comme on marche sur un sentier en découvrant simultanément le paysage qu’il traverse. Etre là, complètement là et pas déjà au bord du cahier à noter des débris d’un présent à peine refroidi. Villages avec leurs toits de tuiles fatiguées par un hiver, champs avant la moisson et plus loin des près fraichement fauchés comme en témoignent les ballots de paille posés sur le paysage.

Quand j’entends la moissonneuse comme hier tard dans la soirée, aller et venir dans l’étroit vallon, je pense au poète Gustave Roud, à ce qu’il écrit de l’été, des moissons et des hommes qui les font surtout. J’ai toujours une certaine appréhension à partir d’ici à cette saison, chaque minute est belle, vibrante de lumière, de chants aussi. 

 

Jeudi 11 juillet 2013 Saint V.  

Demain le départ pour l’Ouest. Je vais vivre d’instants, lire des morts, uniquement des morts jusqu’à mon retour. Mais pas des moindres : Henry James, Jane Austen pour la plage et Diderot – que je dois à mon libraire Marc. Une vraie perle que ce petit livre « Lettre sur le commerce de la librairie » 1763.

Je dis « mon libraire » sans intention de propriétaire, mais avec reconnaissance. Marc aime les écrivains, les livres et il prend même soin de nous les faire aimer. Donc je lisais Diderot dans le soleil déclinant :

«Un fonds de librairie est donc la possession d’un nombre plus ou moinsconsidérable de livres propres à différents états de la société, et assorti de manière que la vente sûre mais lente des uns, compensée avec avantage par la vente aussi sûre mais plus rapide des autres, favorise l’accroissement de la première possession. Lorsqu’un fonds ne remplit pas toutes ces conditions, il est ruineux. » On ne peut être plus clair. Et Diderot ajoute plus loin « Ce n’est pas un commerçant qui vous parle, c’est un littérateur que ses confrères ont quelquefois consulté sur l’emploi de leurs talents »

 

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Piotr et le Prix Rive Gauche à Paris...

26 Juin 2013, 10:25am

Publié par Sybille de Bollardiere

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