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Sybille de Bollardière
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Un été indien, octobre 1983

10 Septembre 2012, 22:19pm

Publié par Sybille de Bollardiere

27122011912

Le Chesnay, 8 octobre 1983

Paysages effleurés ces derniers jours, la forêt entre Rambouillet, Saint Léger et Montfort, la terre le soir sous la lumière rasante. Les tracteurs ont remplacé les moissonneuses. Je vais d’une salle d’attente à l’autre avec mon compteur en tête (6 médecins par jour). A Maurepas je retrouve cette vieille femme rencontrée il y a quelques mois. Je me souviens, elle pleurait dans le couloir du Docteur D. parce que « son garçon »-qui n’était pas son fils mais son petit-fils « mais vous comprenez Docteur, il n’y a plus de vrais parents… » avait une hépatite.

Il s’appelle Karim et est assis devant moi dans la salle d’attente, une douzaine d’années, brun, un peu olivâtre, long et fragile avec des lunettes et air résigné et triste. Elle, une vieille femme au visage boursouflé et rouge, elle se tord les mains pour contenir leur tremblement,  s’excuse de ne pas avoir salué avant de s’asseoir et puis se retourne vers l’enfant, la voix nouée par l’émotion : 

"Tu sais j’ai parlé au Docteur, pour ton cœur ce n’est pas grave seulement il faudra que tu fasses attention, tu ne dois pas courir comme avant… Au fait c’est quel jour demain ?" 

"Samedi , répond Karim qui essuie ses yeux  avec une expression d’ennui et de lassitude en passant son doigt sous les lunettes… Et demain ce sera dimanche…"

Karim n’a pas de chance

  

Sur la Seine, le 9 octobre 1983

Ecluses tout au long de notre remontée de la Seine. Dominant mon vertige, je vais à l’avant de la péniche, pour l’amarrer sur les quais. Parfois je ferme les yeux pour avancer sur les passerelles, aveugle j’ai plus d’équilibre.

Nous remontons au-delà de Paris, le paysage a changé, fini les usines et les ports délabrés, maintenant la rive est sauvage, bordée de saules et d’herbes folles.

Ecluse encore, murs couverts d’algues avec sous mes doigts la belle usure des cordages, je grimpe à l’échelle au dessus-du vide, entre les bateaux. C’est une victoire éreintante, totalement insignifiante pour les autres qui ne « savent pas ». J’essaierai de préserver coûte que coûte un monde extérieur vivable.  Je m’accroche à mon journal, à mon écluse à moi.

C’est aux nuits que je sais où nous sommes car toujours je cherche la lueur mauve du ciel à l’endroit des villes.

 

La Seine, 10 octobre 1983

A Melun le soleil qui salit les vitres et les vagues dont l’éclat vibre sur le plafond de la cabine. Je lis le journal d’Anaïs Nin. « Encore » dit simplement J. en ouvrant une autre bouteille.

 

New-York 29 octobre 1983

Les hublots du Concorde brulants de soleil sur la mer bleue. Les yeux rivés sur l’horizon, j’écoute de la musique pour ne rien entendre de ce qui se passe dans l’avion et puis c’est là, la ville qui émerge dans le soleil levant, rose, ocre, les tours de Manhattan. La côte, les maisons en bandes rectilignes, des marais, des lagunes près de l’aéroport.

Une lumière d’été, vive, avec les couleurs de l’automne ici moins avancé qu'à Paris. Un taxi jaune et Franck Sinatra sirupeux à la radio. Tout ce que je vais décrire de cette ville sera naïf, éculé. 

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Album - Suisse

2 Septembre 2012, 11:35am

Album - Suisse
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Canicule et poésie...

19 Août 2012, 15:32pm

Publié par Sybille de Bollardiere

Eté 2012

Poèmes lus dans le cadre d'une soirée musique et poésie au Château de Blavou, Orne le 18 aout 2012

 

Tout est lavable dans ma mémoire

Et s’étale au fil des lundis

Du temps et des voyages

Draps, chemises et nappes de fête

L’étoffe d’un désir

Dure plus qu’un visage

Amoureux sous la lampe des nuits

Ou triste comme un pagne les jours de pluie

Les vêtements d’usage sont à l’enseigne du ciel.

 

Et dans la rigole du jardin

Le jus d’une lessiveuse

Emporte la couleur, nos amours et nos peurs

Et toutes les sueurs de la vie

Sur l’étoffe des jours.

  

Manhattan 85

 Revoir "New York"

Et la femme bleue de Madison

Un soir de "Thanks Giving"

Harlem grelottante

Vue rose au matin du "Pierre"

Paraissait comme Angkor

Ouverte

Il y a du jeu de société

Dans cette ville empilée

L'extrême civilité du quadrillage

Et le dérisoire de l'Europe

Echouée là par hasard

Manhattan

Ou la saveur métallique du monde

Vu à travers la fenêtre

Et cette rugosité du marbre

Dont on ne touche que les défauts

De notre point de vue indéfendable

J'aime la vision nécrophage

 

Muse

Après la route, la pluie, les phares aveuglants

Et sur l’écran des nuits, les mots d’un inconnu

Aigus, précis, des mots en musique

Qui prolongent je ne sais quel temps

Que l'on devine commun

Le temps du héron, de l'eau et des silhouettes disparues

 

De mémoire je redessine les plaines

Leurs couronnes de vanneaux huppés

Et mes souvenirs de muse ordinaire

De celles que l’on couche en bas de page

Sans autre honneur que quelques vers

 

Dans la chambre sous les toits

Offerte aux combles des nuits

Les brouillons d’amour s’offraient des paradis bleu marine

Une page d’illusion parfois

De celles que l’on se lit glacés  au petit matin

Dans le souvenir des corps et l’envie des mots

 

Oui, tout cela avant que d’écrire un jour...

  

Transparente

J’ai volé un paysage et je m’y suis installée pour l’hiver

Transparente

Pour n’être ni l’objet ni le sujet

Et encore moins l’auteur

Mais simplement l’hôte de ce qui suivra

Quand on a si peu et trop à la fois

La somme de ses peurs, son indigence et vingt six lettres

Que dire du néant, de l’attente et de ce que l’on appelait l’amour ?

 

Posée sur l’herbe sèche, ma table d’écriture

Comme une arche d’alliance

Pour révéler que rien n’existera que le poète n’ait nommé

Que la clameur du monde est dans le trait, dans sa rupture

Le blanc immense de la page

Car c’est dans l’absence que se révèle la présence

Que se dévoile, comme sur le paysage

Cette rivière où, l’été, penchée dans son ombre

J’écrivais du temps, le visage à venir

 

 L’aveu

 Je l’aime à distance et dans le secret

Autant pour ce qu’il est

Que pour ce qu’il aurait voulu être

Aujourd’hui, plus qu’un pays

C’est une saison qui m’est devenue étrangère

Loin de lui

Je n’aime plus l’hiver


 

 

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Le bel été...

11 Août 2012, 10:12am

Publié par Sybille de Bollardiere

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Là et maintenant dans ce temps suspendu et plus tard aussi quand j’y reviendrai de mémoire pour retrouver la douceur du soleil sur les paupières, le grattement du stylo sur la page éventée au jardin… Oui, le bel été ici et maintenant dans les collines du Perche où les maisons se cachent à l’heure de la sieste pour s’ouvrir en fin de journée, quand la brise grelotte entre bouleaux et peupliers. 

et ici l'ensemble de l'album photo du Perche...

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