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Sybille de Bollardière

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Les Pouilles 3, Gallipoli

9 Septembre 2019, 13:36pm

Publié par Sybille de Bollardière

Gallipoli
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GallipoliGallipoli

Gallipoli

Les Pouilles 2019
 
Gallipoli, une ville, la cité historique au bout du port. Une ville, ce que les italiens réussissent mieux qu'aucun autre. En dépit de ma « nostalgie persistante », nous nous sommes promenés dans ces ruelles anciennes, aussi vivantes que colorées. Ici la vie, semble écrire chaque enseigne, la vraie vie une fois franchies les premières rues touristiques. Une vie authentique et pas forcément facile, à l'ombre de murs épais.
Ce matin j'ai découvert devant une porte une cage d'oiseaux installée dans la rue pour que les malheureux captifs aient aussi leur part de soleil car Gallipoli la vie éblouissante est une ville d'ombre pour ceux qui n'ont pas de terrasse jardin ou encore vue sur la mer Ionienne.
J'écris sur la plage au pied de cette impressionnante muraille, cernée par des familles italiennes venues profiter de cette belle journée d'été. Je nage aussi, les yeux fermés. L'eau est turquoise par endroits, merveilleusement transparente et douce, des bancs d'alvins longent la côte et vous passent entre les jambes.
Dans la ville, tout est repeint à neuf jusqu'au fronton des églises. Certaines maisons sont à vendre mais on vit encore ici. Les triporteurs livrent des légumes dans les ruelles, un coiffeur attend ses clients dans la boutique qu'il doit tenir de son père (à l'enseigne « depuis 1951 ») et les enfants courent d'une maison à l'autre avec leurs jouets. Oui, « Gallipoli l'ancienne » est encore une vraie ville mais pour combien de temps ? Je ne peux m'empêcher de redouter ce qui l'attend : les boutiques de fringues et de bijoux et tout le bazar des « villégiatures » pour ce qui pourrait devenir le Mont Saint Michel de la mer Ionienne...
 
Journal d'Italie
Les Pouilles 2019

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Les Pouilles 2 Castrignano, le cimetière des oliviers

9 Septembre 2019, 12:41pm

Publié par Sybille de Bollardière

Castrignano del Capo
Castrignano del CapoCastrignano del Capo
Castrignano del Capo

Castrignano del Capo

le 6 septembre 2019

Je ne sais pourquoi mais, malgré le ciel bleu, les plages caribéennes et la gentillesse de ses habitants, le Salento me laissera le souvenir d'une indéfinissable tristesse. Surtout dans le sud, notre village d'adoption pour quelques jours, Castrignano del Capo. Ruelles désertes, rideaux des commerçants tirés et déjà poussiéreux, enseignes décolorées. Où sont-ils partis ? Il ne reste que les vieux qui tapent le carton sous notre fenêtre, chaque soir de 18 heures à 20 heures. Tout commence par une petite bière et le ton monte jusqu'au dernier round et c'est l'heure du dîner qui l'emporte. Chacun range sa chaise de plastique blanc à l'intérieur du local, les derniers emportent les tables et le rideau tombe. Il fait déjà nuit. On n'entendra plus dans les ruelles du village que le son de quelques scooters, le miaulement des chats et de rares voitures. Nous allons dîner dans la cour d'un pallazzo, ancienne construction normande où l'on sert la cuisine locale et un rosato aussi coloré que les nôtres sont maintenant le plus souvent pâles et insipides.

Je suis venue chercher une saison ici, celle de l'eau chaude, du soleil et des cafés en terrasse mais il manque à tout cela la joie de vivre, la mienne, celle que j'ai perdue. La tristesse du Salento c'est la mienne, je l'ai reconnue et dans le miroir des plaines desséchées je me fais penser au héros de Guiseppe Tomasi de Lampedusa, "le guépard". "Il voulait ramasser petit à petit hors de l'immense tas de cendres du passif les paillettes d'or des moments heureux."

Les Pouilles m'apparaissent comme le souvenir de ce qu'elles ont été tout comme je me promène avec le fantôme de ce qui n'existe plus. Le passé me manque, je lui appartiens encore. Entre Lecce et le cap, nous avons longé des kilomètres d'anciennes plantations d'oliviers, des terres sèches et désertes où le moindre tracteur allumait des brasier de poussière rouge. Parfois, les arbres ne sont plus que des troncs sur la terre à nu, les stèles de bois d'un immense cimetière d'oliviers, les tombes d'un passé que je suis venue oublier. 

Journal d'Italie
Les Pouilles 2019

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Les Pouilles 1 Santa Maria di Leuca

9 Septembre 2019, 12:28pm

Publié par Sybille de Bollardière

Santa Maria di Leuca, Pouilles, Italie
Santa Maria di Leuca, Pouilles, ItalieSanta Maria di Leuca, Pouilles, Italie
Santa Maria di Leuca, Pouilles, ItalieSanta Maria di Leuca, Pouilles, Italie

Santa Maria di Leuca, Pouilles, Italie

5 septembre 2019

Santa Maria di Leuca, la plage au centre ville, deuxième journée d'Italie après avoir longé la côte hier entre Gallipoli et le cap sud. J'écris sur les genoux face à la mer pendant que Sieds se ballade dans la fournaise de la ville. J'en ai tellement rêvé de cette eau tiède et bleue, de son miroitement éblouissant face au sud... J'en ai rêvé jusqu'à l’obsession, partir, trouver un rivage méditerranéen pour m'y étendre et oublier ou plutôt me retrouver. Retrouver l'envie d'écrire pour moi-même, le goût de l'eau salée sur mon visage, les bruits d'une plage au soleil qui n'ont rien à voir avec ceux d'une grève normande ou bretonne. Non, ici j'aime les yeux fermés, aveugle à la beauté du paysage pour mieux me fondre dans ce corps à corps avec le sable et l'eau.

Santa Maria ou tout simplement Leuca, comme disent les pancartes sur la superstrada, n'est qu'une bourgade à l'extrémité des Pouilles, du Salento, cette région que je découvre depuis vingt quatre heures. La côte ici, en remontant vers le Nord ouest, me donne l'impression d'être le résultat d'une ancienne éruption, lave grise et poreuse du Karst qui s'enfonce dans la mer en laissant parfois de superbes criques de sable. Et puis il y a les lagunes, la rivière qui les longe ou les traverse, bordée de roseaux. Un paysage de sable et de hautes herbes où un récent orange a déversé ses pluies. Un inoffensif ruisseau qui serpente le long de la côte pourrait en quelques heures devenir un redoutable torrent.

Les villages de la côte, blancs, modernes et à demi désertés ne sont qu'une suite de résidences de vacances, de pizzerias ou de magasins d'articles de plage. Il faut attendre la côte libre, ses langues de roche assoiffées de mer pour découvrir une lande hérissée de cactus, ses murets de pierres sèches et les ruines d'anciens villages.

12h30, sur la plage de Santa Maria di Leuca la chaleur est montée d'un cran et n'est guère supportable qu'avec le vent qui s'intensifie au même rythme que le mur de nuages descendant la péninsule du Salento, le Finistère italien.

 

Journal d'Italie
Les Pouilles septembre 2019

 

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Les coquelicots d'Omaha beach

20 Juin 2019, 17:40pm

Publié par Sybille de Bollardière

Les coquelicots d'Omaha beach
Les coquelicots d'Omaha beachLes coquelicots d'Omaha beachLes coquelicots d'Omaha beach

En prenant la route à Morsalines, j'avais prévu de rentrer directement chez moi mais la pluie horizontale sur le nord Cotentin m'a dissuadé de continuer. Quittant la nationale, j'ai obliqué vers  Vierville sur mer, dans l'espoir de trouver un bar ouvert. Je me suis retrouvée à Omaha Beach, au milieu des cars et des derniers touristes américains et néerlandais venus fêter le 75 ème anniversaire du débarquement.

Mon texte pourrait s'appeler les coquelicots d'Omaha Beach puisque c'est la première chose que j'ai remarquée sur un talus oublié, dans le seul endroit qui n'ait pas été encore récupéré pour mercantiliser le souvenir. Un peu avant la mer, un talus coincé entre une terrasse en béton et la route. Plus loin la plage, le monument à gauche, la pointe du Hoc et à droite, l'infini de la brume. J'ai pensé aux coquelicots qui devaient recouvrir ce même talus il y a 75 ans, à tous ceux qui se sont couchés là, sur ce talus ou plus bas sur la plage. Je les ai imaginés si jeunes fermant les yeux au milieu des coquelicots et des marguerites...
Devant moi,  une valse de parapluies comme des fleurs sur l'horizon gris. ils sont là par petits groupes autour de leur guide. Ils vont et viennent de la plage à la digue, écoutent le récit des héros, la guerre vertueuse, la guerre indispensable et le noms de ces morts qui n'avaient pas l'âge d'être morts et dont les portraits en uniforme décorent les routes de Normandie.  
En quittant les lieux j'ai pensé aux miens au complet dans l'au-delà maintenant mais séparés et pour certains, anonymes. Ce monument virtuel que je dresse de mémoire au fil des routes s'appelle probablement un livre. "Ecris-nous" a dit ma mère avant de les rejoindre. Ce livre-là, il va être temps que je l'écrive. C'est ce que j'ai pensé aussi en photographiant les Coquelicots d'Omaha Beach. 

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