Sybille de Bollardière
Auteure. Romans, récits, poèmes. Atelier d'écriture, photos.
Un ultime trois-mâts surgi du fond des brumes
Se pavane pour moi sur un rectangle vert
Et les oiseaux d'argent qu'on regarde à l'envers
Ont frémi sur la vague en des frissons de plumes
Jean Violette
S’en tenir à la périphérie des villes et des êtres
Fuir et se priver de ce qui aurait pu se dire ou se faire
Rester à distance
Graviteur d’infortune, choisir cet écart nécessaire
Comme un navire s’éloigne de la terre un soir de tempête
« Tirer des bords » tout en convoitant l’objet délaissé
Le cœur à atteindre, à renverser, dévaliser
S’astreindre à l’exil par ruse ou par sagesse
Pour cet indispensable changement de point de vue
De plus loin ou d’ailleurs la ville est différente
L’autre aussi
Aucun centre n’est le même quand on s’en éloigne
L’attraction s’épuise et, de chemins de traverse
En lisières au couchant
On se retrouve ici, poète au cœur de rien
Au chevet de tout
Il y a matière à réflexion.
Certitude, poème
Certitude
La fin des années cinquante, une maison de meulière
Dans l'ordinaire des banlieues
Derrière les persiennes entrebâillées
Mes siestes d'enfant dans la poussière de soleil
Mes siestes d'enfant dans la poussière de soleil
Quelques notes de piano, cavalcade dans l’escalier
Avant de rejoindre le désordre familial
Portes ouvertes sur le jardin
Sous les pommiers, une pluie de pétales
Un bonheur d’après-guerre au parfum de lessive et d'herbes folles
Pages blanches, mes premiers mots en capitales
Je serai écrivain !
Transfert, poème
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Le jour essoré délivre ses mots
Un cri les épingle entre deux nuages
Pour le transfert d’âme
9 octobre 2022 23 heures 30
La vallée, poème
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La vallée
Devant moi ces photos d’octobre d’il y a trois ans
Un autre monde, un autre temps, c’était avant
Comme aujourd’hui un bleu transparent sur un décor aveugle et sourd
Un paysage beau et indifférent qui ne perçoit rien de l’avenir
Ou ne veut rien dire de la menace qui plane
Comment cette vallée que j’aime tant n’a-t-elle rien vu de ce qui me guettait
Comment le ciel peut-il être aussi bleu avant tant de larmes
La nature n’a-t-elle aucun attachement pour celui qui l’a quittée
Aujourd’hui, comme il y a trois ans
La vallée sous un bleu indécent saisie dans l’immobilité
Indifférente à ce qui s’annonce
L’oubli, notre dernière demeure