Je ne retournerai jamais à Brazzaville
Mes souvenirs s'y ennuient autant qu'autrefois
Quand je n'avais qu'une hâte, quitter la ville
descendre vers le fleuve et ses larmes de schiste rose
Retrouver le Djoué et le soleil rouge des collines
La bas, notre maison de ciel à l'abri des nuages
Son balcon de vent au-dessus des rapides
Le vol des les vampires après la pluie
Je n’entendrai plus jamais
Le chant des enfants sur les sentiers du matin
Le tam-tam des nuits d'orage
Quand les yeux et le cœur lavés de toutes les fièvres
Je l'attendais en vain, suspendue aux murmures du chemin
Sur les plateaux Bateke, à Maloukou
Et plus au sud sur la route de Mindouli
Le ciel s’est fermé, nul pardon à implorer
Perdus à jamais le goût du miel pygmée
et sur ma peau, l’éclat de jade d’une malachite
Il me reste ce que je connais pas encore
L’inconnu, la grande forêt du Nord
Imfondo où je ne suis allée qu'en rêve
Sur le grand fleuve sans nom, je navigue seule désormais
A Brazzaville mes souvenirs se défont au fil de mes regrets
28 avril 2023